Article

Nos défauts sont-ils vraiment des défauts ?

Nous avons pour coutume, dans nos sociétés occidentales, de considérer nos défauts comme négatifs. S’en suit inévitablement un clivage entre deux parts de nous : nos qualités, valeureuses et valorisées, et nos défauts, à exterminer, ou tout du moins à cacher au grand public. Or il n’est pas tout à fait juste, à mon sens, de les penser à travers une telle dichotomie, soit-dit en passant très représentative du mode de pensée humain. Par ailleurs, cette opposition favorise l’émergence de « mécanismes de défense/de protection » tels que le refoulement ou le déni, afin de protéger notre conscience de ces parts dont nous avons honte. N’aurions-nous pas tout intérêt à changer de point de vue ?

Nos défauts sont-ils vraiment des défauts ?

En réalité, si nous décidions d'adopter un regard bienveillant sur nous-mêmes, nous verrions à quel point nos défauts sont aussi d'incroyables qualités.

Prenons l’exemple de Paul. Paul est un jeune homme « buté, têtu, qui n’en fait qu’à sa tête » aux yeux de son père. Présenté négativement, il est clair que Paul ne semble pas briller sous son meilleur jour, bien qu’il essaye de faire au mieux. Cette étiquette collée à son front le suivra toute sa vie durant, jusqu’à ce qu’il décide d’y donner un nouveau sens. Ce qu’a omis le père de Paul, c’est que ce sont spécifiquement ces traits de caractères qui ont permis à son fils de sortir de nombreuses situations difficiles. Plutôt que « buté et têtu» nous aurions pu dire : « persévérant et déterminé ».

Comme la face d’une même pièce, nos défauts sont aussi nos qualités. Dans chaque moment de notre vie ils nous ont permis de déployer de grandes ressources, même lorsqu’ils n’ont pas été approuvés par l’entourage. Il n’est donc absolument pas question de supprimer ces parts de soi, ni d’en avoir honte. Nous devons les honorer et les remercier pour le rôle qu’elles ont joué dans notre vie ; c’est ce que l’on appelle L’ACCEPTATION INCONDITIONNELLE de soi.

Alors, faut-il pour autant tout lâcher, sans remise en question, sous couvert de l'acceptation de soi ?

Non, la solution réside toujours dans l’équilibre et dans la nuance, et nous devons sortir de la vision, toujours dichotomique, du « tout ou rien ». S’accepter et s’honorer ne signifie pas renoncer. Il est plutôt question de mettre à profit nos forces (face), tout en restant vigilants sur les potentielles limites qu’elles génèrent (pile). Du sucre dans du café adoucira son goût, mais l’effet sera inverse si il est utilisé en excès. Il en va de même pour nous: nos qualités peuvent nous desservir (et nous asservir) lorsqu’elles sont utilisées à mauvais escient. Le travail sera donc de les mettre au service de l’amour de soi plutôt qu’au service de la peur, puisque nous observons souvent que la peur nous amène à court-circuiter la réflexion en adoptant des schémas automatiques en REACTION plutôt que dans la CREATION. C’est dans ce contexte que peuvent apparaître les excès.

Eviter l'excès

Reprenons l’exemple de Paul (très schématisé) : il souhaite réussir son examen de médecine générale car il sent que ce métier est sa vocation, et sa persévérance va lui permettre de mettre en place des stratégies afin de concrétiser son envie. Néanmoins, Paul a une peur latente et inconsciente qui vient souvent s’immiscer dans ses projets : celle de décevoir son père. C’est alors qu’une grande pression interne va apparaître, l’obligeant à doubler son temps de travail car le stress empêchera son cerveau de fonctionner de façon optimale. De même, il va être particulièrement sensible aux remarques de son père, et va tenter de palier à cette vulnérabilité en prenant le contre-pied des conseils donnés. Son sucre était, au départ, correctement dosé. Mais très vite le surdosage l’a amené à teinter cette expérience d’émotions désagréables. Paul a donc besoin, aujourd’hui, de faire une « mise à jour » de son système.

Effectuer une "mise à jour" du système

Nous arrivons tous au monde avec des paramètres que nous ne choisissons pas, qui nous amènent à développer certains traits de caractères qui créent notre personnalité. Progressivement, en levant le voile sur ce qui était jusqu’à présent inconscient, nous sommes en mesure de requestionner notre héritage et de lui donner une nouvelle direction.